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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/432

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– Eh bien ! mon gentilhomme, je suis des vôtres, et vous verrez ce que le capitaine Roland de Bréguiboul peut faire dans l’occasion.

Le capitaine Roland de Bréguiboul sauta en selle, s’affermit sur ses étriers et partit ventre à terre, suivi de ses estafiers.

– Nous voilà dix contre quatre, dit M. de Pomereux tout en courant, c’est un peu beaucoup.

– Il faut que je me venge ! cria le capitaine, vous regarderez et je les tuerai.

– À vous tout seul ?

– Parbleu !

M. de Charny observait le comte du coin de l’œil, pour voir si sa colère ne diminuait pas ; mais la rapidité de la course, qui fouettait le sang du jeune homme, le maintenait dans un état satisfaisant d’irritation. Au point où la route bifurquait, M. de Charny s’arrêta brusquement et mit la main sur la bride du cheval qu’éperonnait M. de Pomereux.

– Avant d’aller plus avant, dit-il, au moins convient-il de savoir de quel côté ils ont pris.

– Ah ! diable ! fit M. de Pomereux ; voilà une chose à laquelle je n’aurais point pensé.

Les deux gentilhommes et l’officier de fortune tinrent conseil ; la terre autour d’eux était foulée par des pieds de chevaux, mais il y en avait tout autant sur la route qui mène à Chantilly que sur celle qui mène à Pontoise. Tandis qu’ils délibéraient, ils entendirent le bruit d’une troupe de cavaliers qui arrivait du côté de Saint-Denis avec la rapidité de la foudre. En un instant cette troupe fut sur eux ; c’était Bouletord et ses archers. Tous s’arrêtèrent à la voix de M. de Charny. Les plus habiles restaient embarrassés ; la lune se levait à l’horizon, et les deux routes étaient silencieuses et vides. Bouletord allait et venait le nez au vent, grondant comme un tigre.