Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/431

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– Le neveu Christophe a bien fait les choses, dit-il, les chevaux ont du feu et du nerf ; mais il ne faut pas abuser de leur bonne volonté. Qui diable sait ce qu’il leur reste à faire !

On fit une halte sous des arbres, à trente pas de la route, et l’on mit la provende sous le nez des chevaux, qui mordirent à belles dents. Tandis que Belle-Rose et Cornélius fuyaient à toute bride, Bouletord se lançait à leur poursuite : M. de Pomereux et M. de Charny l’avaient précédé, accompagnés de quatre ou cinq valets de la maison du comte. Au carrefour de la rue de Buci, un attroupement qui se pressait autour du soldat du guet renversé sous les pieds des chevaux, leur indiqua la rue Dauphine ; au pont Neuf ils trouvèrent un archer de la maréchaussée qui leur raconta l’exploit de Grippard ; malgré sa colère, M. de Pomereux sourit de l’invention.

– Ce n’est pas si bête ! dit-il à M. de Charny.

– Sans doute, mais nous ferons en sorte que le perroquet ne chante plus, répliqua froidement M. de Charny.

Plus loin, dans la rue Saint-Denis, ils rencontrèrent l’officier de fortune qui prenait tous les saints du paradis à témoin du serment qu’il faisait d’éventrer le coquin qui avait failli l’assommer. Les quatre ou cinq drôles qui s’empressaient à ses côtés jurèrent sur leur salut que les quatre fugitifs, dont ils portaient le nombre à dix ou douze, étaient sortis par la porte Saint-Denis. L’un d’eux prétendit même qu’il les avait poursuivis l’espace d’une lieue.

– Sur mon âme ! le maraud ne ment pas si l’intention est réputée pour le fait ! s’écria M. de Pomereux.

– Mordieu ! mon gentilhomme, s’écria tout à coup le capitaine d’aventure qui venait de rajuster le feutre sur son front meurtri, êtes-vous par hasard lancé à la poursuite des brigands qui ont failli me tuer ?

– Il faudra bien que je les atteigne ou que mon cheval crève.