Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/439

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M. de Charny jeta sur le comte un regard dédaigneux et partit.

Le capitaine Bréguiboul poussa son cheval auprès de M. de Pomereux.

– Je crois, dit-il, que les deux pouces de fer sont entrés dans votre imagination.

Le cheval impatient froissa les jambes de M. de Pomereux, qui brusquement le saisit par la bride.

– Eh bien ! répondit-il, il ne tiendra qu’à vous qu’ils entrent sous votre peau.

Le comte ayant vu jour à une querelle en profitait tout de suite. En arrêtant le capitaine au passage, c’était encore un ennemi dont il débarrassait Belle-Rose et Mme d’Albergotti ; et puis, à vrai dire, la main lui démangeait et il avait bonne envie de décharger sa colère sur quelqu’un. Il avait rêvé de bataille tout le long du chemin, et il ne voulait pas que son rêve fût perdu.

– Qu’est-ce à dire ? s’écria le capitaine en frisant ses moustaches.

– Cela signifie, capitaine Roland de Bréguiboul, que, s’il vous plaît de mettre pied à terre, il me plaira beaucoup de vous faire tâter un peu de ce fer sur lequel vous plaisantez si agréablement.

– Une provocation !

– Mon Dieu ! capitaine, que vous avez l’intelligence paresseuse !

Le capitaine sauta sur la route et dégaina. M. de Pomereux prit l’épée d’un de ses gens et engagea le fer. Il faisait un clair de lune magnifique ; les laquais du comte et les estafiers du capitaine se rangèrent autour des deux adversaires. Il n’y avait donc plus que Bouletord et ses archers sur les talons de Belle-Rose. Le comte était d’une humeur charmante. M. de Bréguiboul avait la main forte, mais M. de Pomereux avait la main leste. Deux fois il atteignit le capitaine à la poitrine, mais la casaque de peau de buffle repoussa le fer.