Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/458

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La justesse de cette observation frappa Cornélius et Belle-Rose.

– Tenez, ajouta M. de Pomereux, le bonheur vous endort. Vous connaissez M. de Charny et vous l’avez vu à l’œuvre. Concluez.

– Merci, dit Belle-Rose, en serrant la main du comte ; ainsi, vous nous engagez à être sur nos gardes ?

– Plus que jamais ; je ne sais pas où est le péril, mais il est quelque part. Quand M. de Charny n’aboie pas, c’est qu’il s’apprête à mordre.

La Déroute fut averti.

– Bon ! dit-il, j’ai encore de la poudre et du plomb.

Et il se mit à charger ses mousquets et ses pistolets.

L’évêque de Mantes arriva le lendemain. L’autel était paré de fleurs. Claudine, rouge comme une fraise, s’agenouilla près de Cornélius, non loin de Belle-Rose et de Suzanne. Geneviève était assise dans le chœur avec les autres témoins, qui étaient M. de Pomereux, la Déroute et Grippard. L’abbesse avait revêtu les insignes de sa dignité religieuse et relevé son voile. Elle était belle d’une beauté chrétienne, et durant toute la cérémonie, elle garda un maintien plein de calme et de dignité. Forte de son sacrifice, elle ne laissa rien voir des blessures dont son cœur saignait. Cornélius, qui avait tout deviné, l’admirait et la plaignait. La Déroute, qui se doutait bien de quelque chose dont il n’avait jamais parlé, baisa sans qu’on s’en aperçût le bout du voile de l’abbesse.

– Vrai Dieu ! dit-il tout bas, c’est un cœur de soldat !

Quand la cérémonie fut terminée, l’abbesse signa la première sur le registre de la paroisse. Suzanne se jeta dans ses bras.

– Je vous dois mon bonheur, lui dit-elle, comment vous le rendrai-je jamais ?

– Aimez-moi, répondit Geneviève, et nous serons quittes.