Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/463

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Il se doutait bien de l’accueil qui l’attendait chez le ministre ; mais le jeune comte était un de ces esprits aventureux qui se plaisent aux situations violentes et trouvent un grand charme dans les luttes où la vie est en péril. Aussitôt qu’il eut connaissance de l’arrivée de M. de Pomereux, M. de Louvois s’empressa de le faire entrer. Le comte ne vit pas tout d’abord le visage du ministre, qui buvait à même dans un grand pot plein d’eau.

– Diable ! murmura-t-il, il faut qu’il soit fort en colère pour être si fort altéré.

– Ah ! ah ! mon beau cousin, vous voilà donc de retour ? fit le ministre, en jetant, après avoir bu, un regard vif et prompt sur le comte de Pomereux.

– Allons ! je ne m’étais pas trompé, pensa le comte, qui soutint sans en paraître ému le coup d’œil menaçant du maître, et reprit tout haut :

– Ma foi, oui, monseigneur ; j’éprouvais une si violente contrariété de ne vous avoir point vu depuis ces derniers jours, que ma première visite à Paris a été pour vous.

– C’est un grand empressement dont je vous remercie, mon cher comte.

– Laissez donc ! on n’a pas toute une famille de cousins comme vous, et quand par hasard on en possède un, on se doit tout à lui.

– J’ai toujours compté sur votre dévouement ; il paraît même que ce dévouement a dépassé mon attente.

– Vous me flattez.

– Non vraiment ; on assure qu’aux environs d’Ennery, vous vous êtes comporté en chevalier du temps de la chevalerie. Vous avez éclipsé la gloire d’Amadis, et l’illustre Galaor lui-même n’est qu’un pleutre auprès de vous.

– Ah ! monseigneur ! vous ajoutez trop de foi au récit de M. de Charny.

– Il est vrai ; c’est de lui que je sais vos exploits.