Providence qui n’a pas voulu que votre épée se rompît cette fois.
– C’est que la fortune me devait une revanche.
– Eh bien ! croiriez-vous, mon charmant cousin, que cette conduite héroïque n’a pas produit sur d’autres l’effet qu’elle a produit sur moi ?
– En vérité ?
– Il y a des esprits mal faits qui ont voulu voir dans ces merveilleuses aventures un parti pris de contrecarrer l’autorité du roi.
– Voyez-vous ça !
– Et ils sont allés jusqu’à dire que vous n’étiez plus digne de la faveur de Sa Majesté et que je devrais vous retirer ma protection.
– Là-dessus je suis tranquille.
– Que vous me connaissez bien ! s’écria M. de Louvois en trempant ses lèvres dans le pot plein d’eau ; j’ai rembarré ces personnes-là d’une furieuse façon ; mais l’une d’elles, qui est fort des amis de M. Colbert, m’a fait observer que ce n’était point dans de telles circonstances qu’il convenait de vous charger d’une mission fort délicate que je vous avais réservée.
– Et par égard pour les circonstances, vous avez confié la mission à un autre.
– Fallait-il me laisser accuser d’une odieuse partialité ?
– Non pas.
– Une autre personne a fait remarquer que le roi ne serait point charmé de voir à la tête de ses régiments un officier dont le concours avait compromis le succès d’une entreprise où il importait de réussir. Le roi est un peu comme M. de Mazarin : il aime les gens heureux.
– Si bien que j’ai perdu le régiment après avoir perdu la mission ?
– Hélas ! oui ; j’étais fort affligé de la tournure que prenait l’entretien lorsqu’un dernier coup est venu m’écraser.