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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/485

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sa cape, et au moment où il s’était levé, une paire de pistolets avait brillé en compagnie d’un poignard à sa ceinture de cuir. De porte en porte, cette espèce de sacripant gagna un angle obscur d’où il lui fut aisé de tout voir sans être vu. Quand la lumière tomba d’aplomb sur le visiteur nocturne, l’espion pencha sa tête et l’examina curieusement. Mais Belle-Rose lui tourna le dos, il ne put distinguer que sa grande taille.

– Est-ce bien vous ? demanda le propriétaire soupçonneux.

– Regardez vite et ouvrez vite, lui répondit Belle-Rose en découvrant son visage.

M. Mériset sourit, repoussa le judas et tira les verrous. L’espion n’avait rien entendu, ces quelques paroles ayant été prononcées tout bas ; mais le sourire et l’action de M. Mériset ne lui échappèrent pas. Il en conçut fort judicieusement que le visiteur était un des habitués de la maison, et qu’il fallait qu’il eût quelque affaire urgente pour arriver à cette heure. La porte s’entr’ouvrit et Belle-Rose passa ; mais en voulant la repousser, il se tourna vers la rue, et la lumière, que M. Mériset tenait à la main, éclaira subitement le visage de Belle-Rose, dont le manteau n’avait pas été relevé. Ce fut comme une apparition ; mais l’espion, qui avait tout vu, tressaillit dans son coin.

– C’est lui ! murmura-t-il.

La porte se referma et il s’élança dans la rue. En trois bonds il eut atteint l’angle de la rue du Vieux-Colombier, et regarda autour de lui ; la rue était noire et silencieuse. On n’y entendait pas d’autre bruit que les plaintes du vent qui sifflait entre les cheminées. L’espion tira un sifflet de sa poche et siffla doucement une première fois, puis un peu plus fort une seconde, puis enfin très fort une troisième, mettant une minute ou deux d’intervalle entre chaque coup de sifflet. Personne ne répondit à cet appel. L’espion frappa du pied.