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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/486

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– Le misérable, dit-il, sera sans doute allé se griser dans quelque cabaret !… À moins qu’il ne se soit endormi comme moi dans quelque coin, reprit-il.

L’espion fureta de tous côtés en marchant à tâtons ; il ne trouva personne. Il revint au coin de la rue du Pot-de-Fer, et piétina quelques minutes indécis ; tantôt il faisait une trentaine de pas en courant du côté de la rue du Vieux-Colombier, tantôt il retournait à la hâte vers la maison de M. Mériset. Son esprit irrésolu se livrait à un monologue intérieur.

– Si je vais chercher main-forte, pensait-il, pour investir la maison et saisir Belle-Rose, il peut très bien, durant mon absence, sortir et disparaître. C’est une hirondelle, que ce gaillard-là ; mais si je reste, il est clair qu’à moi tout seul, adroit et fort comme il l’est, je ne parviendrai jamais à m’emparer de sa personne. Pourquoi, diable, Robert n’est-il pas à son poste ?

L’espion reprenait son instrument et sifflait. Mais Robert n’apparaissait pas davantage. L’espion mit le sifflet dans sa poche, craignant, s’il en usait encore, d’attirer l’attention de Belle-Rose, et se décida à rester en observation dans le coin sombre qu’il avait quitté au moment de l’entrée du capitaine dans son ancien logis.

– Quand il sortira, se dit-il, si personne n’est encore venu, je le suivrai, et je trouverai bien en route quelqu’un des nôtres qui pourra m’aider à le prendre ou à le tuer.

L’espion se colla contre le mur et resta dans une complète immobilité. Cependant Belle-Rose avait suivi M. Mériset dans la chambre où si souvent il avait dormi.

– Je n’ai pas longtemps à rester chez vous, lui dit-il, ne faisant que traverser Paris…

– Quoi ! pas même cette nuit ? s’écria l’honnête propriétaire dont nous connaissons le faible pour Belle-Rose.