Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/487

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– Pas même une heure ; je viens seulement pour retirer de vos mains certains papiers que je vous ai confiés il y a déjà quelque temps.

– Ils sont dans ma chambre ici près.

– Vous allez donc, s’il vous plaît, les prendre et me les apporter.

– Au moins, reprit M. Mériset en se levant, me ferez-vous l’honneur d’accepter une tranche de pâté de gibier que mon neveu Christophe a payé de ses économies pour m’en faire présent, et de boire un verre de vieux vin de Bourgogne dont je n’use qu’aux grandes occasions.

La marche et le grand air avaient ouvert l’appétit de Belle-Rose, il accepta l’offre de M. Mériset, qui courut chercher le pâté, la bouteille et les papiers. Belle-Rose serra les papiers dans sa poche, fit une brèche au pâté, but un verre de vin et embrassa cordialement le vieux bonhomme, qui, ayant tenu tête au capitaine, se sentait tout attendri.

– Maintenant je pars, mon cher monsieur Mériset, lui dit Belle-Rose.

– Pour longtemps ?

– Je l’ignore.

– C’est juste ; quand on a tant d’affaires !…

– C’est moins la quantité que la qualité, mon cher hôte, et les miennes sont d’une espèce très délicate.

M. Mériset hocha la tête d’un air grave et mystérieux et prit le flambeau pour éclairer Belle-Rose, qui descendait l’escalier. Le petit souper auquel le propriétaire avait invité le capitaine avait retardé la sortie de Belle-Rose d’une petite heure. La pluie était tombée pendant le repas, et l’espion grelottant n’avait pas remué du coin où il s’était blotti.

– Si j’attrape la fièvre, disait-il en tourmentant le manche de son poignard, au moins faudra-t-il qu’il me la paye !

Quant à Robert, on ne l’avait point vu. Enfin la porte