troisième visite, M. de Charny savait tout ce qu’il était bon de savoir ; à la quatrième, on eut la topographie exacte des lieux ; il ne lui en fallait plus qu’une pour déterminer son plan d’attaque. Cette dernière visite, il la faisait le jour même où Belle-Rose avait résolu de s’évader. On était alors vers la fin du mois d’avril. La journée avait été brûlante ; de gros nuages s’amassaient à l’horizon ; un vent rapide et chaud faisait plier la cime des arbres. Les laquais de M. de Charny avaient repris le cours de leurs investigations.
En trois mots, la Déroute mit Belle-Rose, Cornélius et Grippard au fait de son projet. Tous l’adoptèrent.
– Maintenant, dit la Déroute quand on fut d’accord sur les moyens d’exécution, ayons bon pied et bon œil.
Les conjurés s’enfoncèrent dans les jardins sur les pas des agents de M. de Charny qui furetaient.
– Chut ! fit la Déroute quand ils furent dans un endroit écarté tout couvert d’arbres ; voici l’un des gars qui prend le long de la charmille ; glissons-nous de l’autre côté, et ne le manquons pas.
On laissa Belle-Rose et Cornélius aux trousses de l’autre, et la Déroute et Grippard prirent par la charmille, marchant sur l’herbe et sans bruit. Quand ils furent tout au bout, ils se couchèrent à plat ventre dans un fossé et attendirent, l’œil sur le laquais qu’ils regardaient à travers les broussailles. Le laquais arrivait lentement ; lorsqu’il fut à trois pas d’eux, se croyant seul, il tira un crayon de sa poche et traça quelques lignes sur un bout de papier. Il avait le pied sur une souche d’arbre, le papier sur le genou, et le corps penché en avant. La Déroute et Grippard se mirent sur leurs pieds lentement, et sautèrent sur le laquais, qui se trouva pris sans avoir eu le temps de remuer.
– Si tu cries, tu es mort, lui dit la Déroute en lui faisant sentir au cou la pointe de son poignard.
Le laquais, épouvanté, se tut, et on le garrotta avec