Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/527

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le défendre et des tentes sans nombre pour le recevoir. Le régiment de La Ferté, dans lequel il avait fait ses premières armes et gagné son premier grade, accourut autour de lui, et parmi tous ces soldats et tous ces officiers auxquels il avait, par son courage et sa droiture, inspiré une vive affection, il ne savait auquel tendre la main. Quant à Pierre, il n’avait pas quitté M. de Nancrais, qui l’avait attaché à sa personne. Il était devenu caporal, puis sergent, et avait fort envie de devenir capitaine. Au bout d’une heure, la Déroute revint, traînant avec lui une douzaine de sergents qu’il avait recrutés parmi ses vieilles connaissances.

– Notre grâce est au bout de notre épée, lui dit Belle-Rose.

– Alors nous la tenons, dit la Déroute d’un air calme.

Cette nuit-là le sergent s’endormit sous un canon.


L’invasion de la Hollande, en 1672, fut « un coup de foudre dans un ciel serein », pour nous servir de l’expression du chevalier Temple. Cent mille hommes abandonnent à la fois leurs cantonnements de la Flandre et, traversant la Sambre et la Meuse, pénétrèrent dans les Pays-Bas. L’armée s’empare tout d’abord de Rhimberg, d’Orsoy, de Wesel, de Burich, et chasse devant elle l’ennemi épouvanté. Des succès si rapides enflamment l’ardeur des officiers ; le pays de Liége soumis ouvre l’accès de la république ; on laisse de côté Maestricht, dont le siège eût pu retarder la marche des troupes, et l’on pousse en avant. Grol venait de tomber aux mains