de M. de Luxembourg, lorsque, le 12 juin, le roi Louis XIV en personne arriva aux bords du Rhin. Le prince de Condé était avec lui ; le duc de Luxembourg rejoignit le grand capitaine. Le Rhin franchi, il n’y avait plus que l’Issel entre le roi et Amsterdam.
Belle-Rose et la Déroute s’étaient hâtés, aussitôt après la capitulation de Grol, de gagner le quartier général, où la présence du roi et du prince de Condé attirait un grand nombre de volontaires. Des hauteurs de Sherenberg on découvrait les cours du Rhin et de l’Issel, le Welaw et le Belaw ; l’île était défendue par le fort de Schenk et couverte par le Wahal, dont le courant impétueux la mettait à l’abri de toute attaque. Le prince d’Orange avait laissé sur la rive droite du Rhin un de ses lieutenants, Montbas, commissaire général de la cavalerie des États, avec huit régiments divisés en trois camps, qui surveillaient les passages depuis le fort de Schenk jusqu’à Arnhem ; l’un sous Hussen, l’autre à Borgschott, et le troisième à Tolhus. Derrière ces trois camps s’étendait un pays sablonneux, semé de digues et tout coupé de haies et de fossés. Des partis de cavaliers rôdaient à toute heure sur le rivage, épiant les opérations des troupes françaises, qui n’avaient pour s’introduire au cœur de la Hollande que l’espace compris entre Arnhem et le fort de Schenk. Plus haut, c’était le Wahal, rapide comme un torrent ; plus bas, il y avait un rempart de villes fortes. Durant la nuit qui précéda l’arrivée du roi, Belle-Rose se leva et sortit de sa tente. Mais il le fit avec une si grande prudence que la Déroute, qui sommeillait dans un coin, ne l’entendit pas. Quand il fut à quelques pas de sa tente, Belle-Rose tira son cheval par la bride, enveloppa ses sabots de linges et s’éloigna du camp. Après qu’il eut dépassé la dernière sentinelle, il partit au galop dans la direction du fleuve. Les pieds emmaillotés du cheval frappaient la terre sans bruit. On voyait sur l’autre rive les feux des bivouacs hollandais