Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/541

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a trouvé le gué ? demanda le roi en s’adressant au cercle qui l’entourait.

– Sire, répondit M. de Luxembourg, c’est un officier de votre armée ; mais cet officier n’est point gentilhomme.

– Mais, répondit fièrement Louis XIV, si je l’appelle ainsi, c’est qu’apparemment il doit l’être.

M. de Luxembourg s’inclina.

– Son nom ? ajouta le roi.

– Belle-Rose.

– À quel régiment appartient-il ?

– Au régiment de La Ferté, artillerie.

Louis XIV se recueillit un instant.

– Ce n’est pas, reprit-il bientôt, la première fois que j’entends parler de cet officier.

– Non, sire, j’ai eu l’honneur d’entretenir Votre Majesté d’une affaire qui le concerne.

– Ah ! je me souviens ! Ne s’agissait-il pas de l’incendie d’un couvent et de l’enlèvement d’une religieuse ?

– Non, sire. Des personnes qui haïssent Belle-Rose parce qu’il m’est dévoué ont dénaturé les faits aux yeux de Votre Majesté. Belle-Rose a délivré sa fiancée qu’on avait cloîtrée contre son gré, et il en a fait sa femme aussitôt qu’elle a été libre.

Louis XIV savait admirablement son métier de roi, il posait éternellement en face de la cour, en face de l’Europe, en face de lui-même. Une occasion se présentait d’accomplir un acte de justice en faveur d’un officier qui avait fait bravement son devoir, et auquel l’armée devait sa première victoire ; sa grâce était donc, à tout prendre, un acte de réparation publique, émané du trône, et qui faisait jouer à la royauté le rôle de la Providence qui récompense les bons. Louis XIV profita de l’occasion.

– C’est bien, dit-il ; l’officier qui a si bien combattu sous mes yeux ne peut être coupable. Demain vous nous l’amènerez.