Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/542

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Un murmure flatteur parcourut le cercle des courtisans, et le roi put lire sur tous les visages l’expression d’un vif contentement. Belle-Rose, averti par M. de Luxembourg, se tint prêt à paraître devant le roi. C’était la première fois qu’il allait se trouver en présence d’un souverain dont le nom remplissait l’Europe de crainte, et si son cœur ne battait pas beaucoup au moment d’une bataille, il battit très fort quand il suivit le duc à la résidence royale. Ce grand air de majesté dont Louis XIV était toujours paré éblouit Belle-Rose ; il fléchit le genou et attendit dans un respectueux silence.

– Relevez-vous, monsieur, lui dit le roi ; vous vous êtes bien conduit hier, et nous voulons, afin de récompenser vos bons services, que toute trace du passé soit effacée. Ce que vous avez été vous ne l’êtes plus ; vous saurez à Paris ce que j’ai fait de vous.

– À Paris ! s’écria M. de Luxembourg. Votre Majesté s’est-elle souvenue que M. de Louvois hait Belle-Rose ?

– Peut-être auriez-vous dû l’oublier, monsieur le duc, et vous souvenir seulement que Louis XIV le protège, répondit le roi. Quant à vous, monsieur, ajouta-t-il en portant ses regards vers Belle-Rose, vous allez partir sur-le-champ pour Paris ; je vous ai chargé d’instruire M. de Louvois des premiers succès de notre campagne. Les dépêches vont être scellées et vous seront remises par un officier de notre maison. Allez et revenez, monsieur, votre place est parmi nous.

Personne dans le royaume ne savait séduire et fasciner autant que Louis XIV, quand il le voulait ; la grâce et la dignité s’alliaient en lui dans une égale proportion, et il avait naturellement cette noblesse qui donne du prix aux moindres choses.

– Sire, s’écria Belle-Rose, vous m’avez rendu cette place dans l’armée où j’ai combattu pour Votre Majesté : ma vie est à vous.

Une heure après cette entrevue, Belle-Rose reçut les