Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/563

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

– Traître ! s’écria-t-il, et, rapide comme la foudre, il fondit sur M. de Charny.

Rien ne put arrêter l’impétuosité de son élan ; cette fois la main était de fer comme l’épée : le premier coup arriva comme une balle et traversa la poitrine du gentilhomme près du cœur, le second perça la gorge d’outre en outre. M. de Charny ouvrit les bras et tomba. Belle-Rose se pencha, et, arrachant le masque qui le couvrait, montra son visage nu.

– Tu as empoisonné Geneviève de Châteaufort, lui dit-il, meurs donc et sois maudit !

Une expression de terreur profonde et de rage folle bouleversa la figure de M. de Charny ; un dernier blasphème expira sur ses lèvres sanglantes, le frisson le prit et il mourut.

– Elle est vengée, dit Belle-Rose, partons.

Ils reprirent leurs chevaux à l’auberge où ils les avaient laissés, et regagnèrent Sainte-Claire d’Ennery. Le jour commençait à naître quand ils touchèrent aux portes de l’abbaye, et la campagne s’éveillait toute brillante de cette parure enchanteresse que l’été prodigue à toute chose ; la rosée tremblait aux branches des haies et l’oiseau chantait sous la feuillée. Suzanne attendait dans une inquiétude mortelle ; on lui avait dit l’absence de Belle-Rose, et elle en ignorait la cause. Quand elle l’aperçut, elle courut à lui le visage pâle, mais les yeux déjà souriants.

– Eh quoi ! du sang ! s’écria-t-elle lorsque Belle-Rose eut ouvert son manteau.

– Ce n’est rien, reprit le soldat d’une voix profonde ; je viens de tuer un serpent.

FIN