Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/64

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« – Oh ! me dit-il, j’ai à te parler de choses très sérieuses.

« Ce début augmenta ma surprise, et sans savoir pourquoi, j’eus peur.

« – J’ai songé à te marier, reprit mon père ; tu viens de voir tes deux prétendants.

« – M. le comte de Pomereux et M. d’Albergotti ! m’écriai-je plus morte que vive.

« – Eux-mêmes, mon enfant.

« Je crois que si mon père ne m’avait pas soutenue, je serais tombée.

« – Vous êtes une petite folle, continua-t-il en me faisant asseoir sur un banc ; le mariage a-t-il donc rien de si effrayant ? Je ne prétends pas d’ailleurs contraindre votre goût. Vous choisirez entre le comte et le marquis.

« J’étais atterrée et ne savais que répondre. Quelques larmes jaillirent de mes yeux, et je me cachai la tête entre les mains. Mon père se mit à battre la terre avec le bout de sa canne.

« – Voyons, ma fille, sois raisonnable, reprit-il ; j’aime beaucoup Jacques, et je suis tout prêt à le lui prouver ; mais, en conscience, tu ne peux pas l’épouser. Voyez donc quel beau mariage ça ferait !

« Je ne vous répéterai pas tout ce qu’il me dit pour m’amener à son opinion ; je n’entendais rien, et ne voyais que vous qui me sembliez debout devant moi.

« – Enfin, ajouta-t-il en terminant, tu seras marquise ou comtesse, c’est une consolation.

« – J’ai promis de l’attendre ! m’écriai-je, suffoquée par les larmes.

« – Eh ! voilà bien une autre folie ! répliqua mon père ; et là-dessus il me tint cent autres discours que dans ce moment-là je ne compris guère, mais qui depuis me sont revenus à la mémoire et que je ne vous rapporterai pas tout au long. On prétend que les pères n’en tiennent jamais d’autres à leurs enfants ; les pères, je veux bien le croire, mais les mères, c’est impossible ! C’étaient de