Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/72

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le calme, toute la sérénité de Suzanne l’avaient abandonnée ; sa chevelure en désordre ruisselait sur la toilette de la mariée ; elle était plus blanche que sa robe ; ses lèvres frémissaient ; elle se tordait les mains.

– Mais vous voyez bien qu’il se meurt ! cria-t-elle en tombant sur ses genoux ; il ne m’a seulement pas reconnue !

Guillaume eut pitié d’un si grand désespoir ; il oublia sa propre peine pour ne songer qu’à Suzanne.

– Relevez-vous, madame, lui dit-il. Rappelez-vous quel nom vous portez, et ne restez pas plus longtemps ici, où ne pouvant plus rien pour son bonheur, vous pouvez perdre le vôtre.

– Mon bonheur ! Et que m’importe mon bonheur ! reprit-elle avec une ardeur passionnée. Il souffre. Il est malheureux, je resterai, dussé-je y périr, jusqu’à ce qu’il m’ait entendue, qu’il m’ait pardonnée. Oh ! par pitié, mon père, laissez-moi près de lui !

Guillaume n’eut pas le courage de l’éloigner, et tous deux se rapprochèrent de Belle-Rose, que Claudine appelait en vain.

– Jacques ! dit à demi-voix Suzanne.

Jacques resta muet.

– Mon Dieu ! serait-il donc mort, qu’il ne m’entend même plus ? reprit-elle.

Claudine se tourna vers la porte.

– La nuit approche, dit-elle, on vous cherche peut-être au château !

– Qu’ils viennent donc, M. de Malzonvilliers et M. d’Albergotti, répondit-elle d’une voix sombre. Mon père l’a voulu.

– Vous vous perdrez et vous ne le sauverez pas ! dit le père.

– Mais que voulez-vous donc que je fasse ? s’écria Suzanne les mains jointes et des pleurs dans les yeux.

– Il faut nous séparer, dit une voix entre eux deux.

Suzanne et Claudine tressaillirent : c’était la voix de