Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/78

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– L’une ou l’autre, ou peut-être l’une et l’autre, reprit M. d’Assonville avec un singulier sourire. Tu les suivras et tu feras exactement tout ce qu’ils te diront.

– Mais à quoi les reconnaîtrai-je ?

– À ces mots que Mlle Camille prononcera en t’abordant : La Castillane attend. Peut-être seras-tu prévenu par un billet où ces mots se trouveront. Ce billet t’indiquera un rendez-vous et tu t’y rendras. Il n’y a pas de danger, seulement, prends un poignard.

– Ah !

– Tu auras soin d’avoir toujours le bras droit libre et prêt à agir.

– Ah ! ah !

– Oh ! c’est une simple précaution. Lorsque tu seras arrivé où l’on veut te conduire, et que tu auras parlé à la personne vers laquelle je t’envoie, tu me rediras tout ce que tu auras vu et entendu, mais sur l’heure et sans perdre une minute.

– Est-ce tout ?

– C’est tout. Pars maintenant, et que Dieu te conduise et me vienne en aide !

Au moment où Belle-Rose montait à cheval, M. d’Assonville l’embrassa.

– Que je vive ou que je meure, lui dit-il, j’ai ta parole ; je compte sur ton silence.

Belle-Rose serra les trois lettres dans son pourpoint, piqua des deux et partit. L’agitation de son corps calmait l’agitation de son esprit ; il fit donc la route au galop pour se reposer. Son premier soin, en arrivant à Paris, fut d’arrêter un petit logement garni au rez-de-chaussée d’une maison de la rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice. L’appartement, qui se composait d’une chambre et d’un grand cabinet, était propre et avait vue sur des jardins. Belle-Rose paya une quinzaine d’avance, M. d’Assonville l’ayant mis en état de faire figure à Paris ; puis, tirant à l’écart le maître du logis, qui était en même temps le concierge, il lui donna un louis d’or en lui recommandant