Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/80

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discrète, l’air dévot, l’aspect morne. Aucun jet de fumée ne sortait par les cheminées ; les fenêtres étaient closes. Dans la cour croissaient des arbres énormes, et sous leur ombre s’éparpillaient des vases de marbre d’un travail précieux, mais souillés par le lichen et privés de fleurs.

– La maison n’est pas à louer, dit la femme, qui voyait par-dessous sa coiffe.

– Aussi ne viens je pas pour cela, répondit Belle-Rose qui rougit un peu ; j’ai là une lettre que je suis chargé de faire tenir à Mlle Camille.

La femme lança un nouveau regard à Belle-Rose.

– Elle est partie, reprit-elle ensuite les yeux baissés.

– Veuillez alors la remettre à son frère.

Un autre regard glissa entre les cils de la discrète personne, et s’éteignit promptement sous les paupières ramenées.

– Quel frère ? demanda-t-elle.

– M. Cyprien.

La femme tendit la main, prit la lettre, salua et repoussa la porte sur Belle-Rose.

Le surlendemain, Belle-Rose fut arrêté par l’hôtelier au moment où il passait la clef dans la serrure de sa chambre.

– Il y a, lui dit-il, une lettre pour vous.

– Ah ! ah ! fit le sergent en pensant que la réponse ne s’était pas fait attendre aussi longtemps que le capitaine l’avait pensé. Où est cette lettre ?

– La voici.

– Eh ! eh ! fit Belle-Rose en lisant l’adresse, il paraît qu’on sait mes noms, titres et qualités. C’est bien cela, Belle-Rose, sergent de sapeurs au régiment de La Ferté.

L’hôte sourit finement.

– Mais oui : on s’en doute… comme moi, dit-il.

La lettre était sous enveloppe, cachetée de cire rouge. Belle-Rose brisa le cachet et jeta vivement les yeux sur le papier. Voici ce qu’il contenait :