Aller au contenu

Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Le sergent Belle-Rose a manqué à la discipline en quittant sa compagnie sans permission. Afin de le lui rappeler, ledit sergent sera mis huit jours aux arrêts à son retour au corps ; mais afin de régulariser son absence, il trouvera sous ce pli la commission de sergent recruteur et les instructions qui se rattachent à ce nouveau grade. Le sergent Belle-Rose est autorisé à demeurer un mois à Paris ou ailleurs, si besoin est.

« Le vicomte GEORGES DE NANCRAIS. »


– C’est encore de la bonté déguisée, murmura Belle-Rose ; et dès le jour suivant il entra en fonctions. C’était une occasion nouvelle d’agiter son corps.

M. Mériset, l’honnête propriétaire, n’entendit rien de la lecture du billet que son commensal mâchonna entre ses dents ; mais le nom du vicomte de Nancrais prononcé à demi-voix l’avait frappé.

– Un vicomte ! répéta-t-il quand il fut seul ; un vicomte ! J’en étais bien sûr, c’est un gentilhomme !

À partir de ce moment, ses respects redoublèrent pour un personnage qui connaissait des vicomtes, recevait des lettres scellées d’un grand sceau de cire rouge et payait en or. Chaque soir, Belle-Rose lui demandait si personne n’était venu.

– Personne, répondait le bonhomme, et dans la crainte que quelqu’un ne vînt en son absence, M. Mériset restait assis dans un petit salon, près de la porte, du matin au soir.

Le troisième jour, M. Mériset, du plus loin qu’il aperçut Belle-Rose, courut à lui. Depuis une heure ou deux les habitants de la rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice avaient vu M. Mériset se promenant devant sa porte et tirant sa montre à toute minute. L’honnête hôtelier aborda Belle-Rose le bonnet à la main, avec un petit air à la fois mystérieux et charmé.

– Eh bien ! monsieur Belle-Rose ? dit-il.

– Eh bien ! monsieur Mériset ?