Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/97

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Le page enfila une ruelle sombre, marcha quelques minutes, et siffla à l’aide d’un petit sifflet attaché à son cou par une chaîne d’argent. À ce signal, un carrosse arriva au carrefour où le page s’était arrêté ; il s’élança dedans, et fit signe à Belle-Rose d’y monter après lui. La portière se referma sur eux, et la voiture partit.


À peine Belle-Rose se fut-il assis dans la voiture, que son guide abaissa les rideaux de soie et se jeta dans un coin. La voiture roula durant une heure ou deux. Il parut à Belle-Rose qu’elle s’éloignait de Paris et s’enfonçait dans la campagne, mais il lui fut impossible de reconnaître par quels chemins elle passait, ni quelle direction elle suivait. Son compagnon restait immobile et silencieux dans son coin. Tout à coup la voiture s’arrêta, un laquais ouvrit la portière, et le page, sautant à terre, invita Belle-Rose à descendre. Ils se trouvaient dans un endroit solitaire tout entouré de grands arbres. La nuit était profonde, mais on voyait au loin briller, entre le feuillage, une lumière immobile comme une étoile. Ce page ramena les plis de son manteau autour de sa taille et s’enfonça dans un sentier. Belle-Rose le suivit. La lumière disparaissait et reparaissait tour à tour ; le vent soufflait et remplissait de bruits mélancoliques la masse sombre du bois. À mesure que les deux voyageurs avançaient, le sentier se rétrécissait et s’embarrassait de branchages rampant sur le sol. Cependant l’éclat de la lumière augmentait ; chaque pas les en rapprochait. Bientôt, entre les troncs des ormes et des bouleaux, Belle-Rose distingua les contours indécis d’une maison, mais au même instant il vit, comme dans un