Aller au contenu

Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

– Cet homme est mon lieutenant ! répondit Belle-Rose, son épée rouge à la main.

– Ah diable ! fit l’inconnu ; il y va pour vous de la fusillade. Partez donc plus vite !

– Et ma sœur ?

– J’en réponds.

– Vous me le jurez ?

– Voilà ma main.

Les mains des deux jeunes gens se rencontrèrent dans une étreinte fraternelle.

– Partez, reprit l’étranger, et comptez sur moi.

– Vous avez secouru ma sœur, monsieur ; votre nom, je vous prie, afin que je sache à qui toute ma reconnaissance est due ?

– Je m’appelle Cornélius Hoghart, et suis du comté d’Armagh, en Irlande.

– Je suis de Saint-Omer, en Artois, et mon nom est Jacques Grinedal, autrement dit Belle-Rose, sergent de sapeurs au régiment de La Ferté.

– Eh bien, Belle-Rose, vous avez un ami. Les honnêtes gens se devinent au regard.

Belle-Rose pressa une fois encore la main de l’Irlandais et partit. Les ombres du soir commençaient à s’étendre sur la campagne quand il sortit du bosquet. Le souvenir du rendez-vous qui l’attendait à la porte Gaillon lui revint tout à coup à l’esprit. Sa sûreté personnelle exigeait qu’il s’éloignât en toute hâte avant que le bruit de son duel se fût répandu. Mais M. d’Assonville avait sa parole. Belle-Rose se rendit tout droit à la porte Gaillon. Il s’y promenait à peine depuis cinq minutes, qu’il vit arriver un petit jeune homme enveloppé d’un manteau à l’espagnole qui lui cachait la taille. Un feutre gris, où s’effilait une plume de héron, voilait son front ; le bas du visage était caché par un pli du manteau. À la vue de Belle-Rose, le jeune page marcha rapidement vers lui, et dit tout bas : La Castillane attend.

– Je vous suis, répondit Belle-Rose.