Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fausses dans les seize thalers qu’il ma donnés…

— Jour de Dieu ! si vous me mettez sur ses traces, eussé-je mille ducats, ils sont à vous !

— Alors, camarades, tournez plus vers l’occident. Le seigneur Mathéus a renoncé à son premier projet d’aller à Munich. Vous le trouverez, j’imagine, du côté de Stolberg, et s’il vous plaît que je vous serve de guide, j’ai idée que nous le rattraperons. Rudiger a bon pied et bon œil.

— Tope là, tu es à nous, je suis à toi, dit Magnus.

— Et à nous deux nous faisons la paire, ajouta Carquefou, qui donna une vigoureuse poignée de main à leur auxiliaire.

Rudiger, on s’en souvient, était l’un des cavaliers que Mathéus avait congédiés au moment où il lui parut que leur sympathie pour M. de la Guerche et pour Renaud acquérait de trop grandes proportions.

Il prit un chemin de traverse, fit quatre ou cinq lieues en plein bois, traversa une rivière à gué et retrouva les traces de Mathéus.

Magnus faillit l’embrasser.

— Ah ! si j’avais les mille ducats ! dit-il.

Rudiger se mit à rire.

— Bah ! s’écria-t-il, cela me paraît original et divertissant de faire quelque chose pour rien. Ça me change !

On poussa plus avant ; la confiance était rentrée dans le cœur des trois compagnons ; les chevaux eux-mêmes, comme s’ils avaient eu conscience de ce qui se passait dans l’esprit de leurs maîtres, marchaient d’un pas plus élastique.

On resta dans la bonne voie pendant six lieues encore ; puis les indices cessèrent tout à coup : Mathéus et sa troupe semblaient s’être évanouis comme une procession de fantômes.

Magnus, Carquefou et Rudiger battirent la campagne dans