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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/121

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Carquefou secoua le gouverneur sur son lit.

— Ainsi, tu ne veux pas ? dit-il.

— Non ! On ne meurt qu’une fois !

Carquefou saisit d’une main l’épée que Mathéus avait jetée sur un fauteuil avant de s’endormir et, de l’autre, se mit froidement à en marteler la lame avec le tranchant de son poignard.

— Mourir n’est rien, le supplice est tout ! reprit-il. Une balle pour toi ou un bon coup d’épée en plein cœur !… allons donc ! Je fabrique une scie, et avec cette scie je couperai ton misérable corps en deux.

Mathéus devint livide.

— Magnus, bâillonnez cet homme, ajouta Carquefou.

Et il acheva de marteler l’épée, dont il essaya les dents sur le bois de la table.

M. de la Guerche s’approcha de Mathéus Orlscopp, que la main de Magnus clouait sur son lit.

— Écoute, lui dit-il, si tu nous conduis vers M. de Chaufontaine, ta vie sera sauve et tu seras libre ; je t’engage ma parole.

— Et si tu refuses, je jure par les mille cornes du diable que les dents de cette scie s’abreuveront de ton sang jusqu’à ce qu’il n’en reste plus une goutte dans tes veines ! ajouta Carquefou.

— À présent, tu as une minute, choisis, dit Magnus.

Cependant Rudiger, le pistolet au poing, veillait à la porte de la chambre.

Mathéus regarda tour à tour chacun des acteurs de cette scène ; tous étaient impassibles.

Carquefou appuya la lame ébréchée de l’épée sur les flancs moites de Mathéus. Tout le corps du misérable frissonna. Carquefou fit un mouvement, et les dents aiguës de la scie mordirent les chairs.