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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/120

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Les quatre personnes qui se tenaient avaient des cagoules rabattues sur les yeux.

— Pas un mot !… dit l’une d’elles : un cri, un soupir, et tu es mort.

Mathéus restait immobile ; la pensée d’une révolte traversa son esprit.

— Est-ce de l’or qu’il vous faut ? parlez, dit-il.

Armand-Louis souleva le capuchon qui cachait son visage.

— Qu’as-tu fait de Renaud ? lui dit-il.

Une sueur glacée se répandit sur le visage de Mathéus ; mais les précautions qu’on employait lui firent comprendre que le château était encore à lui ; s’il gagnait du temps, peut-être pourrait-il avoir le dernier mot de cette aventure.

— Vous demandez M. de Chaufontaine ?… Que ceux qui vous ont délivré le cherchent ! s’écria-t-il.

Il avait élevé la voix et fait un mouvement pour sauter à bas du lit, la pointe d’une épée toucha sa poitrine nue.

— Prends garde ! lui dit Magnus, nous avons peu de patience, et tu es en notre pouvoir.

Mathéus croisa ses bras sur sa poitrine, et la haine l’emportant sur la peur :

— Frappez donc ! répondit-il ; si je meurs, M. de Chaufontaine mourra aussi !

Les quatre compagnons se consultèrent du regard ; chaque minute qui s’écoulait avait pour eux la durée d’un siècle ; on entendit le bruit sourd et cadencé d’une ronde qui passait dans la galerie.

Mathéus sourit.

— Ah ! mes maîtres, dit-il, vous croyez qu’on peut entrer dans l’antre du lion, et qu’on en sort vivant !

— S’il a du cœur, nous sommes perdus ! murmura Magnus.