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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/131

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nombre débandés dans la campagne, et les escadrons qui mettaient au loin un campement au pillage.

De grands cris de joie s’élevèrent du milieu des bandes impériales.

— Voilà les Saxons rompus ! dit Magnus.

Mais, au centre de la bataille, une troupe d’élite venait de s’élancer avec une telle intrépidité, que, renversant tout devant elle, on la vit monter les premières rampes de l’escarpement ; l’armée impériale en désordre reculait.

— Le régiment bleu ! le régiment jaune ! C’est le roi ! cria Magnus.

Le comte de Tilly fit un signe de la main, un officier partit au galop, et lui-même se jeta en avant, de toute la vitesse de son cheval.

Au même instant un corps de cavalerie que dérobait un pli de terrain entra en scène et descendit à la rencontre des Suédois. Le soleil étincelait sur leurs cuirasses, un cliquetis de fer les accompagnait : hommes et chevaux passaient comme un torrent de feu.

— Les cuirassiers de Pappenheim ! dit Magnus.

Un moment après, Impériaux et Suédois disparaissaient dans la fumée.

Non loin des cinq cavaliers, spectateurs immobiles de ce drame sanglant, l’artillerie autrichienne faisait pleuvoir une grêle de fer sur les régiments décimés du roi ; mais, autour de cette artillerie, il n’y avait plus alors ni reîtres, ni lansquenets, ni cuirassiers, ni dragons, ni mousquetaires.

— En avant ! cria M. de la Guerche, dont le visage parut tout à coup rayonnant.

Ce cri tira Renaud de son admiration et de son silence.

— Eh oui ! en avant ! répéta-t-il.

Et il lança son cheval à