Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/139

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Et chargeant le cavalier qui venait de parler, il le faisait rouler par terre, la poitrine traversée d’outre en outre.

Les pillards poussèrent un cri de rage, et, se serrant les uns contre les autres, levèrent leurs sabres.

« Voilà que ça va se gâter…, pensa Magnus, et tout cela pour une bohémienne ! »

En ce moment, Renaud et Carquefou suivis de quatre ou cinq dragons parurent dans la plaine. Ils venaient de perdre les traces du comte de Pappenheim. Renaud, à qui le dépit faisait pousser des sourdes exclamations, aperçut M. de la Guerche.

— Eh ! eh ! dit-il, on cause par là-bas !

Son cheval partit ventre à terre ; mais les maraudeurs, qui venaient aussi de l’apercevoir, changèrent subitement de tactique ; leur attaque se transforma en déroute, et on les vit disparaître comme une volée de pigeons à l’approche d’un épervier.

La bohémienne s’était jetée sur le corps de sa mère, qu’elle embrassait en pleurant.

— Ah ! monsieur, elle respire ! dit-elle en relevant sa tête trempée de larmes.

Armand-Louis, ému de pitié, fit mettre la pauvre femme blessée sur un cheval ; elle avait encore un reste de vie, mais le sang coulait à flot de sa blessure.

— Tout ce qu’on pourra faire pour elle, nous le ferons, dit-il.

La jeune bohémienne colla ses lèvres aux mains de M. de la Guerche, puis levant sur lui ses yeux noirs :

— Dites-moi votre nom, je ne l’oublierai jamais, dit-elle ; moi, je m’appelle Yerta.

Chemin faisant, Yerta raconta qu’elle appartenait à une tribu de bohémiens qui suivaient l’armée du comte de Tilly et faisaient commerce de chevaux. Au moment où la bataille finissait,