et cela seulement parce qu’il est vaincu, l’un des plus beaux partis que l’Allemagne puisse offrir à ses glorieux enfants ? Elle est là, Mlle de Pardaillan, et vous hésitez ? M’objecterez-vous la parole donnée à M. de la Guerche ? L’ordre du comte de Tilly est là qui vous dégage, et, d’ailleurs, que devez-vous à M. de Chaufontaine ? Est-ce de la reconnaissance pour ce récit que je lui ai entendu raconter vingt fois, de la figure singulière que vous faisiez à la Grande-Fortelle, lorsque cinquante escopettes vous menaçaient de toutes parts ?
— Ah ! M. de Chaufontaine vous a raconté…
M. de Pappenheim ne put achever ; le sang qui lui montait à la gorge l’étouffait.
— Que ne vous faites-vous le page de Mlle de Pardaillan, pour la conduire à cet heureux rival ? Vous frémissez ? Le noble sang des Pappenheim se réveillerait-il enfin ? La fortune a mis une fille de race entre vos mains, comme une colombe dans les serres d’un milan ; ne la rendez plus. Et ce sera une bonne œuvre, une pieuse action. Songez-y, la comtesse de Mummelsberg, qui a donné le jour à Mlle de Pardaillan, était catholique ; vous ramènerez aux pieds des autels qu’elle outrage la victime de l’hérésie ; une fortune pour vous, une âme pour le Ciel.
— Ah ! je cède ! s’écria M. de Pappenheim.
— Ainsi, Mlle de Souvigny et Mlle de Pardaillan me suivront à Prague ?
— À Prague, à Vienne, où vous voudrez !
— Vous savez quel homme c’est que le duc de Friedland, nul n’est plus fidèle à ses amis. Je lui dirai que son désir a été une loi pour vous, et peut-être un jour le reverrez-vous à la tête des armées impériales. Or, monsieur le comte, veuillez voir en moi l’ambassadrice du feld-maréchal Wallenstein.