Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/166

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sur vous. Que tous ceux qui m’entendent le sachent : Mme la comtesse de Mummelsberg est sous la protection de l’Église !

Le cardinal passa lentement, bénissant de sa main droite la foule qui s’inclinait devant lui. Mme d’Igomer n’avait rien dit ; elle avait eu le temps de composer son visage. Mais au moment où ses yeux et ceux de Diane se rencontrèrent :

— Vous l’emportez, mademoiselle, lui dit-elle tout bas. Mais tout passe, les légats et le temps !

Et comme tout le monde l’observait, souriant tout à coup et offrant son bras à Mlle de Pardaillan :

— Vous avez un peu de fièvre, mon enfant, reprit-elle. Remettez-vous et rentrez dans votre appartement.

Mlle de Pardaillan et Adrienne y rentrèrent pour n’en plus sortir ; les heures, les jours, les semaines se passaient ; personne ne les visitait, personne ne leur parlait ; c’était le silence d’un cloître succédant à toutes les fêtes d’un palais. On aurait pu croire que le service intérieur se faisait par des ombres ; mais l’âme tourmentée des prisonnières trouvait presque un soulagement dans cette solitude. Aucun visage odieux n’offensait leurs regards, aucun sourire hypocrite ne les blessait, aucune parole ennemie ne fatiguait leurs oreilles.

« Ah ! que M. de la Guerche et que Renaud doivent être malheureux… ils nous cherchent et se désespèrent ! pensaient-elles souvent. »

Et penchées à leurs fenêtres, elles regardaient passer les oiseaux et disparaître les nuages. Quelques-uns allaient vers le nord. Que n’avaient-elles les ailes de l’oiseau et le vol du nuage !

Mais tandis qu’elles étaient séquestrées loin du monde, dans le palais de Prague, de graves événements militaires, en