Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/193

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— Mais je l’aime ! s’écria Renaud.

— Quoi !… dit Mme d’Igomer, vous êtes chez moi… elle n’est pas libre, et vous osez… ! Ah ! tenez, vous êtes bien téméraire ou bien fou !

— Écoutez-moi à votre tour… je vous en supplie… Que vous a-t-elle fait ? N’est-elle pas innocente de tout ceci ?

— Innocente ?… elle qui vous a arraché de mes bras !

— Punissez-moi donc si vous voulez, mais épargnez-la ! N’a-t-elle pas été pour vous bonne et confiante ?… Elle n’a pas vingt ans… ne laissez pas sa jeunesse se flétrir dans les larmes…

— Eh ! croyez-vous qu’elle seule ait pleuré !

— Ah ! vous êtes implacable !… Quoi ! la beauté, l’innocence, le malheur, ne peuvent rien sur vous ?… Pourquoi la frapper si je suis là ! Quelle honte me proposez-vous ? La trahir quand elle m’a dit : « Je vous aime !… »

— Ce mot, quelqu’un qui s’appelait Renaud ne me l’avait-il pas dit ?

Ce dernier cri semblait rompre l’entretien, Mme d’Igomer s’était levée. Cette expression que M. de Chaufontaine lui avait vue au château de Saint-Wast, de nouveau il la retrouvait tout entière sur son visage ; Thécla ne gardait plus aucune trace des émotions qui tout à l’heure l’avaient attendrie. Renaud sans répondre fit un pas vers la porte.

— Ainsi, dit Mme d’Igomer, vous ne renoncez pas à Mlle de Pardaillan ?

— Jamais !

— Alors, c’est elle qui renoncera à vous.

Renaud se retourna, prêt à l’interroger.

— Monsieur le marquis, je ne vous retiens plus, reprit Mme d’Igomer, qui, frappant sur un timbre, donna l’ordre au page de reconduire M. de Chaufontaine. Allons, murmura Mme d’Igomer, je