dit M. de Saint-Paer ; l’important est que vous acceptiez. Acceptez-vous ?
— J’accepte ! s’écria M. de la Guerche.
Tous les chapeaux volèrent en l’air ; on criait : « Vive M. de la Guerche ; vive M. de Chaufontaine ! » on les entourait, on les embrassait : c’était une explosion de joie.
— Et maintenant que, grâce à moi, tout le monde est d’accord, dit M. de Collonges, peut-on, sans indiscrétion, demander où l’on va ?
— Nous allons en Bohême, répondit Armand-Louis, et quand nous y toucherons, l’armée de Wallenstein sera entre nous et les Suédois.
— On ne saurait parler plus clairement ; si bien que nous serons là-bas comme autrefois Daniel dans la fosse aux lions, reprit M. de Bérail.
— À cette différence près que Daniel était un prophète et que nous sommes de pauvres pécheurs.
— Ce qui fait que nous avons quelque chance d’être dévorés comme des agneaux.
— Ma foi ! je plains les sacrificateurs, reprit M. d’Aigrefeuille, qui faisait sonner le lourd pommeau de son épée.
— À présent que nous voilà en Bohême, continua M. de Collonges, qu’y faisons-nous ?
— Nous y cherchons un château fort que les habitants de l’endroit appellent Drachenfeld.
— Supposons que nous l’avons découvert… Après ?
— Messieurs, dit alors Armand-Louis, dans ce château vivent deux personnes que plusieurs d’entre vous ont connues : Mlle de Pardaillan et Mlle de Souvigny. On les retient l’une et l’autre en captivité ; on menace leur cœur et leur foi. M. de Chaufontaine et moi avons juré de les délivrer ou de perdre la vie ; mais les épées de deux hommes, si dévoués qu’ils soient, ne pourraient