Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/211

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renverser tous les obstacles. C’est pourquoi j’ai fait appel à votre chevalerie ; nous vaincrons ensemble ou nous périrons ensemble. Quant à moi, messieurs, j’en fais le serment, je reviendrai avec elles, ou je ne reviendrai pas.

Trois cents épées brillèrent tout à coup au soleil, et cette jeunesse vaillante, emportée tout à coup par un de ces élans d’enthousiasme qui sont l’apanage des nobles cœurs et des natures généreuses, fit le serment de se dévouer jusqu’à la dernière goutte de son sang à la cause pour laquelle Armand-Louis et Renaud s’étaient armés.

— Quand vous nous ferez signe de partir, nous serons prêts ! dit M. de Bérail à M. de la Guerche.

Armand-Louis sourit doucement.

— Alors, messieurs, dit-il, que vos chevaux soient sellés et bridés demain. Il vous reste une nuit pour faire vos adieux à ceux que vous aimez.

Renaud n’était pas le seul à qui M. de la Guerche avait fait part de son projet. Aussitôt que Magnus en eut reçu la confidence, le vieux reître, qui ne croyait jamais impossible les entreprises les plus téméraires, et son confident Rudiger se mirent en campagne avec l’activité de deux fourmis. Au bout de la journée, on les vit reparaître suivis de trois ou quatre charrettes chargées jusqu’à plier d’une masse d’uniformes impériaux récoltés dans le camp et les environs, où, grâce aux escarmouches quotidiennes, ces objets ne manquaient pas. Carquefou, qui assistait au déchargement, écarquillait ses yeux à la vue de tant de casaques, de vestes, de manteaux, de pourpoints et de ceintures aux couleurs autrichiennes. Il y avait bien de quoi habiller un régiment.

— Eh ! mon Dieu ! pour qui tout cela ? dit Carquefou.

— Pour nous, répondit Magnus.

Armand-Louis, qui paraissait au fait des projets de Magnus,