Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/218

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Au point du jour, on se remit en marche, Armand-Louis et Renaud, parfaitement déguisés, la barbe et les cheveux teints, chevauchaient en tête de la bande ; Rudiger avait conservé les vêtements d’un bûcheron. Magnus portait le costume d’un charbonnier, et Carquefou celui d’un flotteur, la perche à croc de fer sur l’épaule, les grandes bottes autour des jambes ; tous trois marchaient à pied.

Vers midi, on aperçut sur la croupe d’une colline les tourelles d’un château.

— Drachenfeld, dit tranquillement Rudiger.

Ces trois syllabes firent passer le frisson dans les veines de M. de la Guerche et de Renaud. Derrière ces murs formidables, Adrienne et Diane respiraient.

— À présent, messieurs, le siège commence, reprit Magnus.

Et d’un pas lent, il se dirigea vers la poterne du château.

Depuis le jour où elle avait reçu Renaud dans le pavillon de Nuremberg, Mme d’Igomer était retournée à Drachenfeld. Dès son retour, l’expression de son visage avait fait comprendre à Mlle de Souvigny et à Mlle de Pardaillan que quelque chose de grave s’était passé ; mais elles n’en purent rien tirer. Avec Mathéus, Thécla fut plus ouverte.

— Redoublez de surveillance, dit-elle : les loups savent où est la bergerie.

— Plaise à Dieu qu’ils y viennent ! Ma seule crainte est qu’ils n’en trouvent la route trop difficile, répondit Mathéus.

— On dirait que vous ne les connaissez pas ! répliqua Mme d’Igomer.

Cependant, les jours se passaient sans qu’on découvrît rien qui fût de nature à justifier l’assurance de Mme d’Igomer.