Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/22

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— Eh ! l’ami, cria M. de la Guerche à un lansquenet, enfonce-t-on les portes de la ville ?

— Les coups pleuvent, répondit le soldat, mais elles tiennent bon ! Ces maudits bourgeois font un feu d’enfer du haut de leurs remparts !

— En avant ! dit Renaud.

— Comme c’est récréatif ! murmura Carquefou : les balles de nos amis dans le nez, et les balles de nos ennemis dans le dos !

Ils se trouvèrent bientôt au premier rang des colonnes d’assaut. La mêlée était terrible, on se battait sous les murs mêmes de Magdebourg ; il était clair que le faubourg, que le comte de Tilly avait fait attaquer ce jour-là resterait au pouvoir des assaillants ; pour sauver une partie de la garnison, écrasée par des forces supérieures, l’officier qui commandait sur ce point de la ville venait de faire ouvrir une poterne. On voyait comme des flots d’hommes autour de cette poterne. Le fer et le plomb y faisaient de larges trouées ; mais, comme les vagues aux bords de la mer, d’autres flots succédaient aux flots disparus. Les vainqueurs voulaient entrer avec les vaincus.

Debout et maniant une hache d’armes avec la vigueur d’un bûcheron qui abat les arbres, Jean de Werth fendait la tête à quiconque se présentait devant lui : le capitaine avait fait place au soldat ; devant lui, n’était-ce pas la ville où Mlle de Souvigny s’était réfugiée ?

— Jour de Dieu ! c’est fait de nous ! dit Carquefou, qui venait de le reconnaître.

Renaud fit un bond du côté de Jean de Werth, mais Carquefou le saisit à bras-le-corps.

— Monsieur le marquis, dit-il, oubliez-vous que nous sommes comme David dans la fosse aux lions ? Ne nous faites pas croquer avant l’heure !