Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/221

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M. de Bérail. C’est plus de temps qu’il n’en faut pour réduire la place.

— Surtout si nous montons à l’assaut dès ce soir, répondit M. de Saint-Paer. Mon épée se rouille dans le fourreau.

— Toi qui as vu Drachenfeld, qu’en penses-tu ? demanda M. de la Guerche à Magnus.

— L’assaut est impossible. Il y a deux cents hommes de garnison, sans compter les valets. J’ai vu des canons, des fauconneaux, des espingoles. Les fossés sont profonds, les murailles épaisses, les ponts-levis garnis de herses. Il faut que les lions fassent place aux renards ; mais nous serions bien malheureux si nous ne trouvions pas un moyen de nous introduire dans la forteresse.

— N’est-ce point ici comme au château de Rabennest ? dit Carquefou, qui se mêlait volontiers aux conversations ; et ne connaîtriez-vous pas un souterrain complaisant par lequel on eût commodité de se glisser dans l’une des caves de Drachenfeld ?… J’aurais un sensible plaisir à surprendre de nouveau le seigneur Mathéus dans son lit.

Magnus secoua sa tête grise.

— Hélas ! non ! il n’y a ni trou dans la muraille, ni soupirail au pied des tours, ni fissure dans le rocher… Mais puisque j’y suis entré une fois, nous y entrerons bien tous.

Tandis que les dragons se concertaient sous les murs du château fort, le moine franciscain et Mme de Liffenbach tour à tour ne laissaient point de répit aux deux cousines. Oraisons et admonestations se suivaient. Malgré leur patience et leur bon courage, les forces commençaient à trahir Adrienne et Diane. Elles avaient des accès de fièvre et des heures d’abattement durant lesquelles elles se fuyaient l’une l’autre. Cette pensée que M. de la Guerche et M. de Chaufontaine les avaient oubliées se présentait parfois à leur esprit ; c’était alors d’horribles tressaillements ; repoussée, cette