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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/227

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visite, que nous avons eu cette bonne fortune d’attraper quatre ou cinq duels pour demain… c’est de la graine… on peut semer.

— Nous ferons lever la moisson, dit M. d’Aigrefeuille, alléché.

Les duels promis eurent lieu au soleil levant, dans une clairière qui se trouvait à égale distance des deux bivacs. On tua deux Croates et on en blessa trois grièvement.

M. de Voiras eut une égratignure au bras.

Bien ménagé, l’escadron de Croates pouvait durer quinze jours.

— Après quoi nous ferons maigre, dit M. de Saint-Paer.

Mais tandis que les dragons ne trouvaient plus si maussade le séjour des bois, Magnus avait remarqué une bohémienne jeune et jolie qui avait ses libres entrées au château. Cette bohémienne appartenait à une tribu dont les tentes se faisaient voir à une petite distance de Drachenfeld, au pied d’une colline. Elle paraissait avoir de seize à dix-sept ans. On la rencontrait à toute heure sur le chemin de la poterne, armée de son tambour de basque, et il était rare qu’un officier de la garnison ne la guettât pas à la sortie.

Magnus fit causer deux ou trois femmes et quelques laquais. Il apprit que la bohémienne voyait fréquemment Mlle de Souvigny et Mlle de Pardaillan, qui semblaient l’avoir prise en amitié. Elle dansait et disait la bonne aventure. Un des lieutenants du gouverneur, Patricio Bempo, la trouvait fort de son goût. Magnus se gratta l’oreille.

— Là est peut-être le chemin du château, se dit-il : si on avait la bohémienne, on aurait Patricio Bempo ; et si on avait Patricio, on aurait Drachenfeld.

À son tour, et sans en avoir l’air, il rôda autour de la petite