Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/238

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derrière un rideau de broussailles, de manière à tout voir sans être vu ; un peu en avant et protégés par un pli de terrain, d’où leur tête sortait du milieu des herbes, se tenaient M. de la Guerche et Renaud avec leurs trois serviteurs. La nuit était claire et limpide.

Armand-Louis et Renaud étaient à leur poste à peine depuis un quart d’heure, lorsque des pas légers éveillèrent leur attention. Une femme passait à quelques pas d’eux, enveloppée d’une mante, et se dirigeait vers le château.

— Yerta ! murmura Magnus à l’oreille de M. de la Guerche.

La bohémienne s’effaça dans l’ombre noire que projetaient les murailles du château, et, derrière elle, rampant comme des couleuvres sur la bruyère, Magnus et Carquefou se tapirent contre le rebord du fossé. Rudiger faisait le guet non loin de là.

Couchés tout auprès d’eux, et retenant leur haleine, Armand-Louis et Renaud regardaient la poterne, dont la voûte était semblable à une tache noire sur la base obscure des remparts.

Yerta s’y arrêta une seconde, glissa la clé dans la serrure et ouvrit la petite porte.

Peut-être n’allait-elle pas la refermer, lorsqu’une sentinelle se présenta.

— Dux ! dit-elle d’une voix étouffée.

— Et imperator ! répondit la sentinelle.

Yerta repoussa la porte sur ses gonds de fer, et s’engagea sous la voûte.

Patricio Bempo, qui ne dormait pas, avait tout entendu, et le pas furtif de Yerta, et le bruit léger de la porte tournant sur son axe, et le murmure des deux voix.

— Elle ! c’est elle ! dit-il.

Déjà Yerta était au sommet de l’étroit escalier en spirale qui