Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Se tournant alors vers une troupe de soldats qui l’entouraient :

— Feu ! cria-t-il.

Mais Armand-Louis, Renaud, Carquefou et Magnus venaient de franchir l’enceinte des remparts, les lourds battants de la poterne roulèrent sur leurs gonds, et quelques balles inutiles rebondirent sur les ais de chêne cuirassés de fer.

— Je crois qu’il était temps ! dit Carquefou.

Magnus ne perdit pas une minute pour conduire Armand-Louis et Renaud à la maison où il avait, dès son arrivée à Magdebourg, cherché un logement pour Mlle de Souvigny et Mlle de Pardaillan. Le temps n’était plus, où, inquiètes et curieuses, elles mettaient la tête à la fenêtre pour voir, à la moindre alerte, ce qui se passait dans la rue. Combien n’avaient-elles pas compté de pièces de canon traînées par des bourgeois ! combien de patrouilles, combien de compagnies courant pleines d’ardeur au combat, revenant des remparts mutilées et noires de poudre ! Le sifflement des bombes ou le passage des boulets les faisait encore frissonner, mais ne les effrayait plus. Elles savaient alors à quels périls le courage et la résolution de Magnus les avaient arrachées ; elles remerciaient Dieu et trouvaient les projectiles enflammés qui remplissaient la ville de ruines et de cendres moins terribles que Mme d’Igomer, moins redoutables que le couvent de Saint-Rupert.

Les heures s’écoulaient à parler de M. de la Guerche et de M. de Chaufontaine. Que faisaient-ils ? Vers quelles contrées les cherchaient-ils encore ? Le messager envoyé par Magnus les avait-il rejoints ? Certainement ils tremblaient plus qu’elles-mêmes. Elles pensaient quelquefois qu’elles ne pouvaient pas tarder à les revoir ; mais cette espérance si douce les remplissait tout à coup d’effroi. À combien de dangers