Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/25

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ne seraient-ils pas exposés dans cette cité que tant de batteries foudroyaient ? Ne seraient-ils pas les premiers au feu ! Et, de plus, ceux qui dirigeaient contre Magdebourg cette pluie de fer ne s’appelaient-ils pas Jean de Werth et Henri de Pappenheim !

Le souvenir de ces deux implacables ennemis faisait pâlir les deux cousines.

— Fasse le Ciel qu’ils ne viennent pas ! disait alors Adrienne.

Mais les prières qu’Adrienne et Diane adressaient à Dieu étaient bien timides ; elles se sentaient bien seules, et si quelque balle renversait Magnus, que deviendraient-elles au milieu d’une ville livrée à toutes les horreurs et à tous les hasards d’un siège, et où elles n’avaient ni parents ni amis ?

Aussitôt que les salles préparées pour les blessés avaient reçu leurs hôtes ensanglantés, Mlle de Souvigny et Mlle de Pardaillan, mêlées aux femmes de la ville, s’employaient à secourir ceux qui étaient tombés en soldats. Leurs mains délicates s’étaient habituées au pansement des plus horribles plaies ; elles vivaient au milieu des cris et des gémissements, elles passaient de longues nuits entre des murs d’où les plaintes de l’agonie chassaient le sommeil. Qu’ils étaient loin alors, les souvenirs de Saint-Wast !

Cette pieuse tâche accomplie, et quand d’autres jeunes filles les remplaçaient au chevet des malades, elles rentraient chez elles et taillaient des bandes ou fondaient des balles.

À l’heure même où M. de la Guerche et M. de Chaufontaine paraissaient devant Magdebourg, Adrienne et Diane, après toute une nuit écoulée dans des hôpitaux visités à toute minute par la mort, venaient de céder la place à leurs compagnes.