Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/242

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Elle allait pousser un cri, lorsque Renaud, levant un pistolet :

— Madame, un seul mot, et vous êtes morte, dit-il.

Mme de Liffenbach devint blême, voulut faire un pas et tomba évanouie.

— Elle pourrait se réveiller et appeler avant que nous soyons hors de ce château maudit, murmura Carquefou, qui jeta les yeux autour de lui.

— C’est juste, dit Magnus.

Et, entortillant la duègne dans les plis d’un grand manteau, il la poussa au fond d’un cabinet dont il eut soin de tirer la porte sur elle.

Adrienne et Diane étaient dans les bras de M. de la Guerche et de Renaud.

— Pas de paroles, mais des ailes, reprit le vieux soldat.

Comme ils arrivaient à la porte de la galerie, la silhouette d’un homme, qui marchait avec la souplesse d’un chat, se montra subitement à l’extrémité opposée de cette longue pièce.

— Garde à vous ! Mathéus Orlscopp ! dit Rudiger dans l’oreille d’Armand-Louis.

Si promptement et si bas que ces paroles eussent été prononcées, tous ses compagnons les avaient entendues.

Magnus embrassa la galerie d’un rapide coup d’œil et poussa Mlle de Souvigny et Mlle de Pardaillan derrière un grand rideau, dont les plis lourds cachaient une fenêtre creusée dans l’épaisseur du mur. Armand-Louis et Renaud se placèrent auprès d’elles, le pistolet au point, prêts à tout. Magnus échangea un regard avec Carquefou, et tous deux se blottirent derrière d’énormes piliers contre lesquels des panoplies étaient adossées.

Tout se fit en silence, avec la rapidité du vent qui passe. On aurait dit que des fantômes, un instant entrevus, venaient de