disparaître. Quand Mathéus entra dans la galerie, tout était muet sous les hauts plafonds. Un rayon incertain de la lune, qui se brisait dans les vitraux, éclairait confusément la profondeur de cette salle immense.
Un instant Mathéus s’arrêta sur le seuil, comme si un indéfinissable sentiment de crainte l’eût averti de la présence d’un danger qu’il ignorait ; puis, n’entendant rien et ne voyant rien, il reprit sa marche.
Cette ronde qu’il faisait ce soir-là n’était pas dans ses habitudes quotidiennes, bien qu’il eût toujours l’esprit en éveil ; mais en ce moment quelque chose, qu’il eût été fort en peine d’expliquer lui-même, une rumeur incertaine, une inquiétude vague et irréfléchie, l’avait tiré de son repos, et Mathéus venait de quitter sa chambre pour parcourir le château. Cette ronde du gouverneur, on l’attendait le matin, on l’attendait le soir, et en l’attendant on veillait.
Ses yeux interrogeaient les plis roides des portières et des rideaux, les encoignures des fenêtres, où les ténèbres étaient épaisses, les angles perdus dans la nuit, et lentement son pied se posait par terre.
Quand il fut au milieu de la galerie, la lune se voila ; une ombre plus dense se répandit dans la galerie. Mathéus avançait toujours.
Il avait déjà franchi la plus grande partie de la distance qui le séparait de la porte opposée à celle par laquelle il était entré, lorsqu’il lui sembla que le bout d’une tenture venait de remuer faiblement, comme si un soupir de la brise en eût soulevé le bord.
Sa main se porta sur la garde de son poignard ; mais, tandis que son attention était tout entière dirigée de ce côté, Magnus et Carquefou, se dressant tout à coup, arrivèrent sur lui d’un seul bond et le terrassèrent avant même qu’il eût le temps de dégainer.