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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/258

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ordre de bataille à l’entrée d’un village dont ils avaient barricadé les principales rues et occupé toutes les positions, pour mettre l’ennemi hors d’état de les tourner.

Aux premiers nuages de poussière qui annonçaient dans l’éloignement l’approche des Impériaux, les dragons sautèrent en selle. Jean de Werth, qui marchait en tête de ses gens, fit le tour du village au galop, ne trouva point d’issue qui ne fût gardée, et, ne pouvant maîtriser sa colère, donna le signal de l’attaque. Il avait avec lui deux ou trois cents cavaliers ; Patricio en avait réuni à peu près autant : les Impériaux possédaient ainsi l’avantage du nombre, mais celui de la position le compensait ; des deux côtés il y avait donc des chances égales pour la victoire.

Les trompettes des huguenots répondirent aux trompettes des Impériaux, et les premiers coups de feu éclatèrent.

Jean de Werth menait la charge du côté droit, Patricio la menait du côté gauche. L’attaque eut le même élan et la même furie ; mais la défense fut telle, que l’effort des assaillants se brisa aux bords du village.

Armand-Louis, avec M. d’Aigrefeuille, tenait tête à Jean de Werth ; Renaud, avec M. de Bérail, repoussait Patricio Bempo ; Mme d’Igomer, à cheval comme un reître, s’était placée sur un monticule pour juger de l’action. Mlle de Souvigny et Mlle de Pardaillan, cachées à l’abri des balles sous le porche d’une église, attendaient la fin du combat ; quatre dragons désignés par le sort les gardaient pour repousser quiconque, par surprise, eût tenté de s’approcher d’elles.

Une ceinture de fumée entoura bientôt le village, dans lequel un millier d’hommes s’acharnaient les uns contre les autres, les pieds dans le sang. Les chevaux hennissaient et tombaient, les détonations se succédaient sans intervalle ; les coups d’épée pétillaient sur les cuirasses, les cris retentissaient