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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/260

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— Il a été écrit : « Ne m’induisez pas en tentation ! » dit Magnus.

Et, sautant par-dessus le cadavre du lieutenant, il promena Baliverne à travers les rangs brisés des vaincus.

Armand-Louis et M. de Bérail s’acharnaient après Jean de Werth, qui reculait. Mieux monté, M. de Bérail l’atteignit. Jean de Werth se retourna ; un instant les deux hommes et les deux chevaux se trouvèrent confondus dans un tourbillon de poussière où luisaient les éclairs de deux épées. Puis un cavalier sortit du tourbillon. C’était Jean de Werth.

M. de Bérail chancelant glissa sur l’herbe ; on le vit se soulever sur les genoux, ressaisir son épée qui s’était échappée de sa main, puis tomber et rester immobile. Son cheval effaré s’échappa, et celui de Jean de Werth partit au galop.

Armand-Louis accourut, mais le terrible capitaine était déjà loin, perdu dans la foule des fuyards.

— Et je n’ai pas cette dragonne qui pend au pommeau de son épée ! murmura M. de la Guerche.

Renaud, qui le suivait, sentit ses yeux se mouiller en voyant M. de Bérail tout sanglant et livide couché sur la bruyère. Il plaça les mains du mort en croix sur sa poitrine, enleva son épée et le couvrit d’un manteau.

— Il avait été mon ami, il était mon frère d’armes. Que la terre d’Allemagne lui soit légère ! dit-il.

M. de Bérail n’était pas le seul dragon qui fût tombé dans la mêlée, d’autres manquaient également à l’appel. Les morts furent enterrés dans des fossés qu’un pan de gazon recouvrit, les blessés installés dans la plus grande maison avec un écrit qui informait les officiers impériaux qu’un nombre considérable de blessés autrichiens et bavarois répondait du sort des Français qu’on laissait entre leurs mains, et Magnus pressa les préparatifs du départ.