Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/265

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sur la route que les dragons devaient logiquement suivre pour gagner les cantonnements suédois ; mais la marche oblique de Magnus le trompa, et ce fut deux heures après la sortie des Français que des fugitifs lui apprirent que les dragons venaient d’échapper à l’étreinte de fer dans laquelle il croyait les étouffer.

Jean de Werth ramassa les bandes qu’il avait sous la main et partit sur la trace des huguenots. C’était bien le loup dont avait parlé Magnus et qui a flairé l’odeur du sang. Personne n’osait lui parler ; il courait en avant des siens, silencieux, pâle, fatiguant la poignée de son sabre, mâchant ses moustaches.

— Et rien ne les arrête ! rien ne les atteint ! murmurait-il quelquefois.

Animée de la même ardeur, soutenue par la même haine, dévorée par la même soif de vengeance, Mme d’Igomer galopait à côté de lui. Elle ne sentait pas la fatigue, elle semblait de fer.

À l’abandon des villages, aux ruines fumantes qu’ils rencontraient, aux nombreux escadrons qui soulevaient la poussière des routes çà et là, les dragons comprenaient qu’ils approchaient des campagnes où les deux armées de la Suède et de l’Allemagne promenaient leurs bannières ennemies. Vers le soir, Magnus, qui courait toujours en avant, aperçut en travers de la route des feux de bivac. Il lança son cheval, et reconnut le campement d’un corps nombreux de cavalerie impériale, qui occupait les deux côtés du chemin.

On ne pouvait passer qu’au travers des sabres et des pistolets.

À droite et à gauche, ce n’étaient que prairies et marécages coupés de cours d’eau parmi lesquels on ne pouvait avancer sans guide. Attendre, c’était s’exposer à recevoir le