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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/27

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Incapable de se soutenir, Mlle de Souvigny appuyait ses deux bras sur les épaules de M. de la Guerche.

— Ah ! cruel ! lui dit-elle, vous avez donc voulu qu’à toute heure je tremblasse pour vous !

— Est-ce donc vivre que de vivre loin de vous ? s’écria Armand-Louis.

Mais alors Adrienne relevant son front vers le ciel :

— Vous savez si je l’aime ! reprit-elle avec l’exaltation d’une âme qui s’est donnée tout entière ; si c’est votre volonté de nous unir dans la mort comme nous étions unis dans la vie, que Votre saint nom soit béni et que Votre volonté soit faite, Seigneur !

— Viens çà, dit brusquement Magnus à Carquefou, Baliverne a fortement travaillé aujourd’hui… il est convenable que je cause avec elle.

— Et Frissonnante ne serait pas fâchée de se restaurer un peu, répondit Carquefou ; je la sens qui s’évanouit à mon côté.

Revenue de sa première émotion et plus maîtresse d’elle-même, Diane menaça Renaud du bout de son joli doigt. Il restait à genoux devant elle, immobile, tout interdit, muet.

— Je comprends que M. de la Guerche soit revenu, dit Mlle de Pardaillan d’une voix doucement railleuse, il suffit de voir son attitude auprès de Mlle de Souvigny pour se rendre compte des motifs qui l’ont poussé, mais vous, pourquoi le suivre à Magdebourg ?

— Je ne sais pas, répondit Renaud troublé.

— Voyez-vous l’innocent ! Eh bien, si vous ne le savez pas, il faut vous en aller au plus vite ; le pays est malsain, il y pleut des balles, et le vent y est couleur de feu. M. de la Guerche a le droit d’y vivre… Quelque chose l’y retient, et il consent à tout perdre pour rester avec ce quelque chose…