Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/280

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à vous faire connaître ; mais songez bien, avant de la refuser, que toute issue vous est fermée.

— Voilà un petit avis qui ne nous promet rien de bon, murmura M. de Collonges.

— Vous avez avec vous deux personnes de qualité, Mlle de Souvigny et Mlle de Pardaillan…

« Nous y voici », pensa M. de la Guerche.

— Elles seront remises à Son Excellence le baron Jean de Werth, qui les conduira au duc de Friedland, auquel, vous ne l’ignorez pas, elles ont été enlevées par la violence.

— En somme, vous nous proposez de livrer deux femmes qui n’ont que nous pour amis et pour protecteurs ? dit M. de Saint-Paer avec une nuance de dédain.

— Si brillant que soit le sort que les amis dont vous parlez leur réservent, continua le parlementaire, celui qui les attend à la cour de Munich et de Vienne est tel, qu’elles n’auront rien à regretter.

— Et vous appelez cela des conditions qu’on peut accepter sans se déshonorer ? Vendre des pauvres femmes ! s’écria M. de Collonges.

— Bien ! dit Renaud, qui lui serra la main.

La colère faisait monter un flot de sang au visage de M. de Chaufontaine ; il allait parler, lorsque M. de la Guerche l’arrêta d’un geste, et, se tournant vers l’officier bavarois, lui annonça que la conférence était terminée.

— Nous avons à délibérer, lui dit-il, veuillez vous retirer ; avant un quart d’heure, vous aurez notre réponse.

— Délibérer ! s’écria M. de Saint-Paer lorsque les dragons furent seuls. Délibérer !… et à quoi bon ?

— Parce qu’il s’agit d’une chose qui nous est personnelle à M. de Chaufontaine et à moi, répliqua M. de la Guerche, et que je me tiendrais pour déshonoré si je ne vous faisais pas connaître les conséquences de la résolution à laquelle vous