Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/281

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pousse votre magnanimité. Là-dessus, M. de Chaufontaine pense comme moi.

— Certainement, dit Renaud.

— Nous sommes cernés de toutes parts, poursuivit Armand-Louis, une force supérieure nous enveloppe, sans cesse accrue par de nouveaux renforts, tandis que le fer et le plomb déciment nos rangs. Si vous repoussez les offres de Jean de Werth un jour nous serons forcés dans nos retranchements. Vous savez alors ce qui nous attend.

— La mort, n’est-ce pas ? dit M. de Saint-Paer.

— Est-ce bien là une chose qui puisse nous épouvanter ? s’écria M. de Voiras.

— Mourir l’épée au poing, n’est-ce pas la meilleure fin qu’un gentilhomme puisse ambitionner ? ajouta M. de Collonges.

— Et puis, qui sait ! poursuivit M. d’Arrandes ; combien de condamnés à mort qui vivent longtemps !

— Il ne faut pas dire : « Qui sait ! » reprit M. de la Guerche avec force ; un homme est parmi nous dès longtemps habitué à la guerre et qu’aucun péril n’étonne. Approche, Magnus, et dis-nous ce que tu penses de notre position. Crois-tu que le courage le plus tenace puisse dans quelque entreprise désespérée, nous faire trouver le salut ?

— Non, répondit Magnus d’une voix grave. Je parle à des soldats, ils sauront entendre la vérité. La main de Dieu seule peut nous tirer d’ici. Faites donc le sacrifice de votre vie si vous voulez persévérer jusqu’au bout dans la résistance. Au moment de la dernière heure, vous pourrez tous vous réunir en colonne serrée, abandonner les blessés à la clémence du vainqueur et vous jeter sur l’ennemi. C’est la chance suprême que le sort des batailles réserve aux gens de cœur. Bien peu d’entre vous raconteront les épisodes de cette