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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/284

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XXVII

LA VOIX DU CANON

Tandis que ces combats, suivis de pourparlers bientôt interrompus par de nouvelles batailles, se passaient à l’un et à l’autre bout de leur asile, Mlle de Souvigny et Mlle de Pardaillan attendaient et priaient dans une maison que M. de la Guerche avait choisi entre toutes, parce qu’elle paraissait le plus à l’abri des balles.

Les deux cousines y avaient trouvé un garde-chasse qui veillait auprès d’un enfant que la fièvre dévorait. À leur aspect, il s’était levé, et, les regardant avec des yeux désespérés et tout remplis d’un feu sombre :

— J’avais deux fils et une fille, leur dit-il : les deux hommes sont tombés sous les coups des Suédois en défendant la foi de leur père ; la fille a été séduite par les doctrines nouvelles et s’est éloignée du giron de la sainte Église. Dieu s’est vengé ! elle est morte emportée par un mal inconnu. De tout ce que j’aimais, il ne me reste que cet enfant déjà menacé. Je vous hais parce que vous êtes du sang huguenot, mais vous êtes poursuivies et misérables. Entrez.

Et il s’assit, le visage farouche, auprès du lit de l’enfant.

Adrienne s’approcha du pauvre petit et lui prit la main. L’enfant la regarda et ne retira pas sa main.