Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/285

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— Dieu est bon à ceux qui prient d’un cœur sincère, dit-elle. Espérez.

Au temps où elle habitait la Grande-Fortelle, Adrienne avait eu bien souvent l’occasion de soigner des malades, soit parmi les gens de la maison, soit parmi les personnes des villages voisins. Elle connaissait la vertu de certaines plantes, et les employait efficacement. Vers le soir, sa douceur et son air de bonté avait gagné le cœur de l’enfant ; il la voulait près de lui et se sentait soulagé quand elle le caressait.

Sûre d’être écoutée et obéie, elle prépara un breuvage composé du suc de quelques herbes cueillies dans les jardins d’alentour, et le lui présenta.

Le garde-chasse étendit le bras subitement pour s’emparer du vase.

— Non, dit l’enfant, cette femme me fait du bien.

Et, portant le breuvage à ses lèvres, il l’avala.

Dans la soirée, il s’endormit tranquillement ; une transpiration abondante s’établit, et, quand vint le jour, il respirait comme une personne rendue à la vie. Son premier regard rencontra celui d’Adrienne appuyée à son lit ; il lui tendit les bras.

— J’ai rêvé que ma mère m’embrassait cette nuit ; elle vous ressemblait, dit-il.

Le garde-chasse se leva tout troublé. Adrienne le regarda doucement.

— Dieu daignera peut-être le sauver, dit-elle tout bas.

L’enfant s’était rendormi en lui tenant la main.

C’était l’heure où l’envoyé de Jean de Werth pénétrait dans le village. Le bruit du combat retentit jusqu’au soir. Quelquefois une balle égarée s’aplatissait contre le toit de la maison. Quelquefois Diane sortait sur la porte pour savoir ce qui se passait au-dehors. Elle ne voyait ni à droite ni à gauche