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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/292

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— Peut-être à votre place ferais-je comme vous, reprit-il ; et cependant mon cœur se serre à la pensée de tout le noble sang qui va couler.

— Tous nos jours sont comptés, monsieur ; il n’en coulera pas une goutte que Dieu ne le permette.

Armand-Louis voulut ramener lui-même le parlementaire jusqu’à la ligne de défense, après quoi chacun courut au poste qui lui était assigné. Les dragons comprenaient instinctivement que le jour terrible était venu.

À peine étaient-ils en ligne de bataille qu’un coup de trompette retentit du côté où commandait Jean de Werth, et presque aussitôt un nuage de fumée blanche couvrit la route. Un boulet passa en sifflant à travers les rameaux verts de l’abatis et coupa en deux un dragon qui, à deux pas de M. de la Guerche, renouvelait les amorces de ses pistolets.

— Ah ! l’épaulement ! s’écria Magnus.

Une nouvelle détonation répondit à ce premier coup, et un boulet qui partait du fond de la vallée pénétra dans le village et renversa un arbre sur le seuil d’une maison.

Les huguenots comprenaient alors pourquoi Jean de Werth les avait laissés en repos pendant tout un jour.

— Voilà qui va nous obliger à voir ces messieurs de plus près, dit Renaud.

Les canons, il y en avait quatre, deux de chaque côté, qui se répondaient alternativement, portaient des coups de plus en plus terribles, mais ils n’ébranlaient pas le courage des Français ; quelques-uns d’entre eux, groupés autour de M. de Chaufontaine, se portèrent en avant, et par un feu mieux nourri et mieux ménagé, parvinrent à décimer les rangs de leurs ennemis. Des pelotons plus nombreux imitèrent cette manœuvre, et hardiment conduits jusqu’aux extrémités des habitations, tandis que leur marche patiente et audacieuse